mardi 30 juin 2009

Retour sur le dernier week-end, Crypte du martyrium Saint-Denis :

• samedi 27 juin
DUO Pascal MARZAN / Roger SMITH (guitares espagnoles)
+ Catherine KARAKO (danse)


" Dans la Crypte du Martyrium de Saint-Denis et du souvenir de Saint Ignace de Loyola, le maître de cérémonie Pascal Marzan a clos le festival avec le très-prodigieux guitariste Roger Smith. Le très-excentrique anglais serait-il sorti de sa cuisine londonienne pour venir à Paris si son ami Pascal Marzan ne l'avait invité ?... Pas sûr !... Enfin, nous étions là au bon endroit, au bon moment !... Smith est arrivé sur scène en posant le pied sur un Tupperware, et en essayant de caler, à l'aide d'un petit oreiller, sa guitare contre son torse long, comme s'il allait en jouer pour la toute première fois !... Marzan, en ouvrant la trousse chirurgicale avec laquelle il opère dans la chair vive du son ! Ces mages de l'improvisation ont joué une partition paradoxale en nous donnant l'impression - plus que jamais fascinante ! - d'interpréter, comme l'avait déjà observé Frédéric Maintenant, " une oeuvre organisée, répétée... écrite ! "... Et puis, ils ont accompagné la danse de la poétesse Catherine Karako, poétesse du corps dont les évolutions spatiales sont si proches de son chant qu'en l'écoutant nous la voyons danser à nouveau :
" (...) vers luxuriance / feuille / jusque nue / craquée séchée / proie d'une racine / je n'ai plus d'arme / épine des peurs / n'ai dieu ni leurre... ". (Fission (S), Anthologie poétique en chaîne, éditions Henokia, 2008).
Olivier Gandiva

Retour sur le dernier week-end, jardin Rachmaninov :

• samedi 27 juin
"FREE AT LAST?" Didier LASSERRE (batterie de poche solo) + DUO avec Sylvain GUÉRINEAU (saxophone ténor)

" Lumière douce et dorée de fin d'après-midi... Ils avaient déjà commencé à jouer, Didier Lasserre et Sylvain Guérineau, quand je suis arrivé dans le jardin Rachmaninov comme si aucun rendez-vous n'avait été fixé. A l'ombre d'un petit carré d'arbres, la tendresse de leur jazz s'exhalait qui adhérait subtilement au lieu et à l'instant... "
Olivier Gandiva

Retour sur le dernier week-end, concert en appartement, rue Affre :


"Une fin d'après-midi chaude et animée du côté de la goutte d'or et de l'église St Bernard.
Rue Affre, devant la porte de l'ami Christophe, le public arrive au compte-goutte, et entre peu à peu dans la demeure qui accueille Joel Grip et sa contrebasse.
L'ambiance est douce, amicale, les gens se rencontrent et se parlent, pour moi une des victoires du festival R du temps, le fait que cette musique improvisée retrouve tout son sens social et humain. Un peu d'attente puis Joel attaque très en force son solo, prend possession du lieu, "fait le son", voit, et nous avec, jusqu'où les limites, dans cet appartement, peuvent aller. Il les repoussera sans cesse, durant une grosse demi-heure, imposant dans l'énergie, dans la recherche sonore (jeu avec deux archets, où les harmoniques foisonneront mais aussi dans les pizzs les plus simples, avec un magnifique son qui plonge ses racines dans le jazz le plus pur) mais aussi avec une grande musicalité et un grand sens de la forme, jusqu'à la note finale qui résoudra tout ce qu'il y aura eu auparavant. Exténué, Joel repose sa basse et la soirée continuera dans une vrai joie, un moment très chaleureux au milieu des plats délicieux préparé par Christophe, qui nous accueillit comme des rois ! Une soirée qui nous rappela combien il fait bon d'être en vie, parmi les hommes."
Didier Lasserre


dimanche 28 juin 2009

Retour sur le second week-end du festival à l'atelier de Bernard Thomas-Roudeix :

• vendredi 19 juin
DUO Sylvain GUÉRINEAU (saxophone ténor) / Benjamin DUBOC (contrebasse)
http://sylvainguerineau.free.fr/
http://benjamin.duboc.free.fr/

"Fluidité d'un Free Jazz sans concession, jeu très mélodique dans la droite lignée microtonale d'Albert Ayler, un peu classique finalement; Sylvain Guérineau et Benjamin Duboc prouvent que la tradition perdure. Rien de surprenant au fond, mais les échanges, entremêlements du saxophone et de la contrebasse en arco ont contribué à ce que les spectateurs d'une salle comble et vibrante assistent à un concert solide, plein de poésie dans un lieu inédit sentant la peinture fraîche et où l'on aurait peut-être imaginé une connivence plus poussée entre musique et arts plastiques."
Frédéric Maintenant

"Puissante et subtile la contrebasse de Benjamin Duboc, telle sa silhouette... Le temps auquel il voulait, disait-il « donner forme », court déjà !... Bang !... et, déjà, le lyrisme free excède la pensée (...) Tandis que le sax ténor de Sylvain Guérineau jouait de son homme, on aurait bien poussé les chaises... "
Olivier Gandiva


• samedi 20 juin
DUO Benjamin BONDONNEAU (clarinette) / Fabrice CHARLES (trombone) + Jean-Marc RICHON

"Le lendemain de retour dans l'atelier de Bernard Thomas-Roudeix pour cause de pluie, Benjamin Bondonneau, clarinettiste et plasticien, et Fabrice Charles au trombone, deux musiciens qui, eux aussi, ont signé de très belles choses pour le remarquable label Amor Fati (qualité de la musique et des pochettes), et notamment, à absolument découvrir, un double CD : Dordogne. Cette fois on retrouve un univers proche de celui de Pascal Marzan, un univers qui semble empreint de métissage Musique Contemporaine/Post Free Jazz dans la lignée du 2e2m, La Petite Compagnie ou encore de L'Itinéraire. De plus, surprenant tout le monde l'intervention du musicien/acteur/poète Jean-Marc Richon a rajouté un piquant sublime à une après-midi magnifique, s'inscrivant dans la tendance Fluxus avec peut-être un léger clin d'œil à Keith Emerson déplaçant son piano (et pourquoi pas ?). Le tout nous procurant un moment unique à garder précieusement à l'esprit.
Tout comme sera le duo Pascal Marzan / Roger Smith (sorti enfin de sa cuisine), en fin de semaine.
En mission dans le sud, je ne pourrai malheureusement y assister, alors venez nombreux pour ensuite me raconter."
Frédéric Maintenant

"« Matière », « champ qu'on laboure »... des termes qu'emploie le peintre et plasticien Benjamin Bondonneau pour parler des séries qu'il expose actuellement à Sarlat (jusqu'au 29 juillet)... Autre vie de Bondonneau ou la même, différemment, à la clarinette... Ici encore, je l'entends en résonance avec la terre !... En duo avec l'excellent tromboniste Fabrice Charles... Surprise !... En trio !... Puisque l'acteur, musicien et poète Jean-Marc Richon traversa la scène en portant un petit piano !... Qu'ont-ils prodigué à eux trois ce jour-là ? Hé ! bien une très belle et vive énergie qui me fit sortir de l'atelier de Bernard Thomas-Roudeix encore mieux que j'y étais entré - ce que je salue comme une authentique performance ! "
Olivier Gandiva


dimanche 21 juin 2009

Retour sur la première journée du festival à La Teinturerie de Plumes :

• dimanche 14 juin
Pascal MARZAN (guitar(e)_digrade)

HORS CIEL : Beñat ACHIARY (chant) & Didier LASSERRE (batterie)

http://guitar-e-digrade.blogspot.com/

http://didierlasserre.free.fr

"L'ambiguïté de l'improvisation chez Pascal Marzan réside non pas dans la complexité ou non de son propos, ni dans le fait qu'il prépare en direct sa guitare pour obtenir des sonorités plus quotidiennes en Indonésie ou au Japon, pas plus que dans le choix de ses inspirations : Rostand, Lautréamond ou, encore la disparition du glacier Chacaltaya vieux de 18000 ans en Bolivie ; non l'ambiguïté réside dans le fait qu'à l'écoute on a le sentiment d'entendre une œuvre organisée, répétée, j'allais dire écrite. Il y a l'impression de partition intérieure, du coup d'un certain idéal musical, dont rêvait peut-être Scelsi. La soirée s'est prolongée avec les incantations Chamaniques d'un druide basque Beñat Achiary, mêlées des percussions de Didier Lasserre, tout droit issues, il m'est apparu soudain, de la poésie sonore des Doors, du moins, c'est certainement la voie(x) qu'ils auraient voulu poursuivre si la gangrène de l'esprit commercial ne les avait déviés de leur chemin. Le lieu et son propriétaire, La Teinturerie de Plumes de Philipe Dubois, sont tout à fait propice à une écoute détendue de musiques dont l'accès devrait être plus quotidien"

Frédéric Maintenant



"On peut tout oublier, tradition et modernité, quand on possède déjà tout cela, comme Pascal Marzan, sur le bout des doigts...

Des doigts revenus de tout ce qui ne fait pas l'essence musicale d'une guitare ! On peut cueillir un instant d'Espagne : rasgueados y golpes... Ou remonter avec les Roms plus haut (ou plus loin)... Ailleurs !... Cimbalom, gamelan, gongs, koto... Ici, rue Myrha, à La Teinturerie de Plumes, le silence a joué à nouveau entre les notes comme la source entre les pierres..."

"Il s'en passe des choses dans une voix quand elle est nue... Didier Lasserre ne conjura pas cette apocalypse (littéralement : mise à nue), bien au contraire ! Ses percussions ne couvrirent pas d'un voile pudique le sexe vocal, multiple et giratoire, de l'homme d'Itxassu !... Et si nos véritables racines n'étaient pas régionales, culturelles ou religieuses, mais physiques !... Le chant nombreux de Beñat Achiary tient par la racine... Et ça peut bien se dégingander un peu plus haut, de par le vent... ça tient !"
Gandiva